Le 17 avril

J'ose croire que c'est possible. Si j'ai pu faire plus d'une année sans que tous mes souvenirs reviennent, pourquoi est-ce que ça changerait soudainement ?

Merci d'être là aussi Alfhild. Depuis mon réveil, tu as été le point central dans la nouvelle existence que j'ai essayé de construire. Je te dois beaucoup, j'espère pouvoir un jour te rendre tout ce que tu m'as donné.

Ça me va en mai, tu n'auras qu'à me prévenir quand tu seras libres. Et je suis certain qu'ils ne te traînent pas par obligation. Tu dois être compétence et apporter un peu de joie avec toi.

Changement de sujet, mais...t'as fait quoi samedi soir?

Ps: Dois-je vraiment commenter cette phrase ? Tu sais que ce n'est pas parce que tu n'en as pas croisé qu'ils ne sont potentiellement pas là, pas vrai ?
PS2: Je me fous entièrement de ce qui peut me nuire ou non et des moqueries des autres. C'est toi qui importe. Si t'as besoin que je vienne, tu me le dis, et je viens.
PS3: Des sculptures en bois, c'est bien plus chouette. Moi j'ai aucun mérite, c'est issu des compétences de l'autre...Peut-être qu'il le faisait pas devant toi ? Je peins souvent oui. Ça me permet de me défouler.

Fred

Le 1er septembre 2023

Je ne leur ferai rien...Tant qu'ils n'agissent plus, eux aussi.

Toutes tes questions, ça me fait réaliser que maintenant, je peux y répondre. Une part de moi jubile, à l'idée de te perturber lorsque je te répondrai. L'autre part de moi... Cette part aimerait atténuer la vérité. J'ai pris l'habitude de me soucier de ce que tu ressens. D'anticiper ce qui pourrait te faire du mal dans les révélations que j'apprenais dans le journal, pour voir comment te les raconter en te faisant le moins de mal possible. Je ne peux plus songer à toi sans ressentir ce besoin de te protéger, cette crainte de d'atteindre.  C'est vraiment un magnifique bordel, dans mon crâne. Mais pour revenir sur le sujet du Caire...Non, je ne suis pas allé retrouver les personnes dont tu m'avais parlé. Je ne les ai pas approché.

Cette fois.

T'as déjà dit dans une lettre que l'ancien Fred ne devait pas non plus savoir que t'étais parti en Égypte...Tu t'es trompée. Je le savais. J'étais allé à l'Égypte à l'époque. Je me suis tenu loin des sites de fouille où tu te trouvais, mais j'avais de bonnes sources d'informations. J'avais envisagé de m'en prendre graduellement à l'équipe de briseurs de sortilèges avec qui tu étais. Pour que leur moral soit de moins en moins bon, qu'ils deviennent de plus en plus agressifs verbalement, de plus en plus lourds. J'ai côtoyé quelques personnes dans les environs qui s'y connaissent bien dans les objets maudits. Je voulais que ce soit créatif, original, graduel et douloureux psychologiquement. Aucun objet ne me satisfaisait suffisamment. Plutôt que d'écrire une symphonie bâclée, j'ai laissé tomber. Je m'étais dit que si je te laissais te reconstruire, être heureuse, je pourrais frapper plus fort après. Quand tu ne t'y atteindrais plus.

À quel point sommes-nous une famille de dégénérés pour que tu n'aies jamais tenté quoi que ce soit directement contre moi Alfhild ? Je sais maintenant qui je suis. Je connais le poids de mon sang, ce qui est rattaché à notre nom. Mon pouvoir, ma force, mes capacités...Mais quand j'y songe, j'ai aussi cette voix dans mon crâne qui me souligne que cet orgueil monstrueux m'a conduit vers des actes...terriblement satisfaisants, mais horribles. Je ne cherche aucun sentiment de paix. J'en ferais quoi ? Et surtout, je l'obtiendrais comment ? Mon apaisement, ma quiétude, je ne l'ai toujours obtenu que d'une seule façon : en regardant souffrir les autres. C'est peut-être pour cette raison que je ne trouvais aucun sens à ma vie dans la dernière année. Je luttais trop contre mes véritables envies.

Je compte bien les assouvir. Mais autrement. Je ne veux plus de ces  soirées à retenir mes pulsions, à sombrer dans une culpabilité encouragée par tous ceux qui ont croisé mon chemin. Mais j'ai aussi maintenant cette foutue conscience des souffrances qu'ils ont enduré. Et quelque chose en moi me fait encore mal, quand j'y songe. Alors il n'y aura plus de victimes au hasard. Plus de plans, plus d'anéantissements. Normalement. Je lutte tous les jours depuis juin, pour retrouver un équilibre dans mon instabilité.

Arrête de me souhaiter de moins souffrir Alfhild. Souhaite-moi le contraire. Endurcit-toi.  Tu es à la fois si forte, et en même temps si faible. Comme un coup de vent qui peut tout briser s'il se fait tornade, et qui préfère agiter des branches, qu'il ne casse que par-ci par-là, à travers des petites crises. Et puis, qu'est-ce que ça peut bien faire, que je souffre moins ou non ? J'étais mieux quand faire crâmer doucement la peau de quelqu'un ne provoquait chez moi que de la jouissance, assurément. Mieux ou aveugle. Non, je ne suis pas en paix avec ce passé. Mais je ne suis pas en guerre avec lui. Je ne sais pas où j'en suis, avec cette dichotomie. Ni où tu dois placer tes limites entre toi et moi. Je n'aurai pas la générosité de dire qu'il vaut mieux que tu t'éloignes. Je l'ai sous-entendu une fois, je ne le répéterai pas une seconde fois.

Oda est effectivement ravie.

PS: J'ai une préférence pour les trucs plus glauques que les crampes d'estomac. La bague est un artefact, mais mon ami est plutôt doué, pour maximiser leur potentiel. Me moquer de toi sans buts négatifs ne provoquera rien, normalement. Faudra tester. Franchement, l'objet est génial. Magnifiquement bien conçu et bien ensorcelé. La simple pensée de te faire du mal, sans réelle intention, ne fera rien. Mais l'ébauche d'un plan, le commencement d'une réflexions sérieuse sur le sujet fait brûler le métal, comme de l'acide qui s'enfonce lentement dans la chair. Et si j'agis...Tu n'auras plus à te soucier de ta promesse.

Ton frère.

Le 17 avril

On peut se donner l'espoir d'y croire, oui.

J'ai hâte aussi ! Et je suis content que tu sois avec des gens qui t'apportent du bonheur.

Une petite fête avec des feux d'artifices, par exemple...? Rien de gênant pour moi, non, et aucune remarque. Je m'inquiète juste pour ta sécurité et de ce qui peut t'arriver, si tu sautille trop proche de certaines demeures.

Ps: Il y en a.
PS2: Mouais. J'en doute. Tu me confirmeras que tu as bien réussi à repartir...? Je peux t'envoyer de l'argent aussi, si t'as besoin.
PS3: Je me souviens vaguement de quelques tableaux, dans son ancien appartement...Je les ai malencontreusement échappé dans les vidanges. C'était de charmants champs fleuris, ouais. Mais il a surtout fait des croquis (échappés accidentellement dans le feu, oups.) Aucune peinture de toi en crise.

Fred

Le 4 septembre 2023

Crois-tu que des souvenirs quasi entièrement retrouvés peuvent effacer d'un coup un an et demi à me soucier de toi ? À m'inquiéter pour la culpabilité que je t'ai fait ressentir et le mal que je t'ai fait ? Début juillet, j'ai eu le réflexe de songer à comment je pourrais utiliser contre toi cette mémoire revenue, et dont tu n'avais pas connaissance. C'était des pensées brèves, qui n'allaient jamais loin. À chaque début de plan, à chaque fois que je m'attardais trop sur une réflexion du genre, mon coeur se serrait. Mes souvenirs me ramenaient à nos échanges de lettres, à ce premier jour où tu es venu dans mon appartement. À ta crise, et à la hargne que j'ai éprouvé envers moi-même ce jour-là. Je ne me déteste plus, mais je ne peux plus songer à mes actes du passé sans ressentir quelque chose qui ressemble à...Je ne sais pas. Mais c'est inconfortable. Un peu comme quelqu'un au régime, qui se délecte d'un pot de glace, l'apprécie fortement sur le moment, mais y repense après de façon bien plus ambigu.

Je ne te laisse pas le choix, non. Et tu devrais peut-être en profiter pour tenter de te détacher du poids de mes actes, même si j'ai tout fait dans le passé pour que tu le portes. Toi non plus, tu n'as rien à voir avec mon prénom, ses crimes, sa noirceur. Tu es Alfhild, pas Fredrikke. Je suis libre de donner cette impunité à qui je veux ; tu es libre de m'ignorer, si ça peut t'aider à moins culpabiliser. Il n'y aura pas de conséquences. Mais je crois que tu devrais aller voir un psy, sur le sujet (et sur bien d'autres.) Vu à quel point j'ai été d'une douceur écoeurante dans la dernière année, ça m'étonne presque que j'aie pas pensé de te le conseiller avant.

Mon premier réflexe, ça a toujours été de couper les tiges des plantes récalcitrantes qui persistent à pousser là où elles ne devraient pas être. Et de la déraciner, si c'est nécessaire. Ta métaphore est bien jolie, mais si on déterre tout, si la fleur ne sort pas un peu ses épines, il n'y a plus de vie, il n'y a que la mort. Tu pourrais au moins mettre une clôture autour ?

Je ne sais pas, pour Ismat. Je me souviens de la satisfaction que j'ai ressentie, lorsque j'ai appris son accident...Comme si je n'étais pas au courant. J'imagine que ça veut dire que je n'y étais pour rien ? J'ai creusé, mais je n'ai pas de souvenirs plus précis sur le sujet.

Pour le comment je compte assouvir mes envies...Je n'ai pas prévu te le dire. C'est une mauvaise habitude que j'ai prise, de te confier mes états d'âme. De te les mettre dessus, de t'imposer des images, des événements. Mais si ça peut te rassurer... Je compte pas sélectionner des gens au hasard, selon mon humeur et mes intolérances. Elles aussi ont changées, de toute façon.

En parlant d'intérêt plus utile...Faudra qu'on reparle des sans-noms.

PS: Faudra que tu l'étudies sur mon doigt, alors. Je ne peux plus l'enlever, à ce stade.

Pour Ozymandias...T'as qu'à lui demander. Il s'en souvient très bien.

Ton frère.

Le 4 septembre 2023

Tu fais chier.

Je l'ai fait venir chez moi sous un faux-prétexte, parce que j'étais un connard d'homophobe qui s'emmerdait. J'ai fait semblant de le draguer, j'ai enduit mes mains d'une potion abrasive pour le brûler, je l'ai touché, jeté sur le sol, ligoté, tailladé et menacé. Je lui ai demandé son doigt, aussi.

Satisfaite de la réponse ?

Te noie pas dans la culpabilité avec cette histoire. Un par famille, c'est suffisant.

Ton frère.

Le 20 avril

Un parc très privé, alors. Pas de panneau, mais des murs peut-être...? Généralement, quand on doit se servir de la magie pour faire certains actes sur la dite propriété, il paraît que c'est parce qu'elle n'est pas public. Enfin, j'dis ça, j'dis rien. T'es pas obligée de me parler de tes soirées. Fais juste gaffe, stp. Je voudrais pas qu'il t'arrive un truc.

Ps: Ce qui nous fait revenir à mon point initial. Fais attention à toi, si tu campes un peu trop dans la forêt. Surtout que les Amundsen aurait potentiellement une raison d'avoir envie de te croquer, en utilisant l'excuse de 'y'avait pas de panneau qui l'interdisait'.

PS2: Ça dépend la raison...? Tu me l'as pas donné. Ce serait pas lié à un feu d'artifices, par hasard ? T'as besoin d'un alibi ?

Heureusement que je suis déjà dingue, je le deviendrais à force de m'inquiéter pour toi.

Fred

Le 4 septembre 2023

J'ai suffisamment nagé dans la culpabilité dans les derniers mois pour être en mesure de la reconnaître si elle se présente devant moi.
Je n'en éprouve plus.
Oui, c'est de la culpabilité.

Je n'ai pas besoin que tu m'aides à mettre des mots sur ce que je ressens. Vaut mieux que tu te tiennes loin de ma tête. Et je te dirai pas quoi en penser,  je tangue trop entre différentes possibilités. J'aurais pu t'éviter encore, ne pas t'écrire. J'aurais dû le faire, très certainement, si je n'avais songé qu'à ce qui était le mieux pour toi. Mais j'suis un égoïste ; certaines choses ne changent pas. Et...Je te devais la vérité. Je trouvais trop cruel que tu le saches pas. Trop dangereux, aussi.

Tu me demandes si je vérifie assez souvent que toutes les ramifications de racines ont été arrachées...Pourquoi crois-tu que je m'en suis pris si souvent à tes proches ? J'étais prêt à arracher une à une les racines. À passer la terre au tamis et au pesticide et à attendre mon heure, pour remplacer graduellement le jardin par du gravier. Quelque chose de fragmenté, impossible à recoller, stérile, qui ne peut plus rien donner. Tu parle de moi au présent, moi au passé. Tu peux semer ce que tu veux dans ton champ, petite soeur. En paix. Je n'irai pas gratter la terre pour éliminer les semences qui germent à tes côtés et je poserai moi-même cette foutue clôture, si j'ai le moindre doute que mon ombre peut t'empêcher de bien pousser.

Je ne vois pas l'intérêt d'endurer. Endurer mène au détraquement, à la douleur, à la folie. Endurer ne répare rien, ne donne que l'illusion d'être plus fort. N'endure plus rien, de ma part. Tu vaux mieux que moi, Alfhild. Tu as toujours valu mieux que moi. Tu as un don, tu as capté suffisamment l'attention d'Oda pour qu'elle élabore un plan pour t'isoler des autres. Tu as cette douce folie qui ne fait mal volontairement à personne, cette façon de voir la vie qui fait sourire. Si tu es la lune de la famille, et moi le soleil, alors ta place est bien plus enviable ; tu trônes parmi les étoiles, tandis que je brille seul, en brûlant tous les autres. N'as-tu jamais envisagé que je puisse être jaloux de toi, dans le passé ? Et de ceux qui te côtoyaient. Une jalousie malsaine, écoeurante, qui s'est manifestée dans le pire, assurément pas dans le meilleur. Quand tu es née, j'avais ce vif désir de te protéger. De faire de toi mon amie, quelqu'un avec qui je pourrais passer du bon temps. Et puis il y a eu...Je ne sais pas, ce qu'il y a eu. Le moment de la rupture en moi, cette fragmentation dans mon mental, m'échappe toujours. Je me fous de la connaître, de toute façon. À ce stade de mon présent, rien ne peut plus justifier mon passé, si ce n'est que je suis un être foncièrement ignoble.

Je n'avais pas capté l'ironie. Je ne savais pas que tu en avais vu une. Je n'ai donc pas fait pression sur elle. Mais si je l'avais su...Je m'en serais sûrement amusé. J'aurais essayé de la menacer, pour qu'elle intervienne auprès de toi de façon non-thérapeutique. Pour qu'elle t'enfonce dans la culpabilité, plutôt que t'aider. Oui, j'aurais sûrement fait quelque chose dans le genre. Je sais que c'est écoeurant. Je sais que c'est horrible. Tu savais que je voulais te détruire...Est-ce que tu n'as vraiment jamais compris que toute cette culpabilité, je voulais que tu la ressentes ? Qu'elle t'étouffe graduellement et qu'elle occupe toutes tes pensées.

J'ai plus de réponses à te donner que dans les derniers mois, mais je ne sais pas si je devrais te le fournir ou s'il ne vaut pas mieux que je les garde pour moi. Je ne te donne pas ces vérités pour te faire souffrir davantage, Alfhild. Sincèrement. Je te les donne parce que derrière la satisfaction et les pulsions, il y a le désir que tu comprennes que ce n'était pas ta faute. Ce que tes proches ont subi sous ma main, ce n'était pas ta faute. Ce ne le sera jamais. De la même façon que tu n'étais pas responsable de mes actes dans le passé, tu ne le seras pas dans le présent.

J'éprouve peut-être ce sentiment bizarre quand je songe à ce que j'ai fait, mais je refuse de me ligoter. Je ne sombrerais que plus vite, si je cherchais à nier tout ce que j'ai été, et que j'ai retrouvé. Je te trouve faible, mais de la faiblesse d'un volcan qui sommeille. J'aimerais que tu rentres en éruption. Que tu te fâche. Que tu te défendes plus efficacement. Que tu ne me laisses plus t'atteindre, jamais. J'y ai aussi cru, pendant cette période naïve, que je pourrais être un frère convenable. Ces choses chouettes ensemble se sont heurtés violemment à tous les autres souvenirs, quand je me suis rappelé ce que je t'ai fait subir. Ils se cognent encore fréquemment. Parce que derrière chaque pulsion de jadis, chaque envie de te nuire, il y a ton image, tes mots, nos conversations et des sentiments si positifs qu'ils surpassent violemment les autres. Je te l'ai dit, c'est un bordel dans ma tête.

Pour Ozymandias...Oui, je m'ennuyais. Oui, je. Juste parce qu'il. Il est pas le seul, que j'ai attaqué pour cette raison. Mais il est mon plus grand regret. Quand je repense aux émotions que j'ai ressenties, dans son bureau...À sa détresse, à sa peur, ça me déchire encore le coeur. Ça surpasse tout le reste. J'ai changé d'avis entre les deux hiboux parce que je veux être sincère avec toi. Même quand ça m'emmerde. Et je sens que ça va m'emmerder très, très souvent.

T'as le choix de ne pas me croire. Je me croirais pas moi-même. Tu peux penser que je te manipule, limite je préfèrerais ça. Ça voudrais dire que tu te mets une barrière face à moi, que tu es plus dans la défense que dans la tolérance. Oublie juste pas que t'as aussi des armes. J'ai appris de nouvelles choses sur toi, mais t'en a appris bien plus. Tu as lu mon journal. Tu connais des noms, des faits, t'as des lettres. Tu pourrais me contrer, peu importe ce que je pourrais faire.

PS: Je ne sais pas si la blague était volontaire, mais elle m'a fait rire. Je te proposerais bien de venir voir la bague en personne un de ces quatre, mais je doute que tu aies envie de venir me visiter ?

Ton frère.

Le  21 avril

Je n'ai pas parlé de feux d'artifice chez les Amundsen. Du moins, pas directement. Est-ce un aveu ? (Je le suppose peut-être, oui. Tu as compté tes amulettes, dernièrement...?)

S'il y a une raison, elle ne vient pas de moi. Je n'ai rien dit de mes soupçons quand je suis intervenu sur les lieux. Je suis sérieux pour l'alibi. J'suis malheureusement plutôt efficace, pour ce genre de choses.

PS: Ce sont effectivement mes craintes. J'étais quasi sur le point d'inventer une fausse lettre anonyme qui aurait justifié qu'un tireur d'élite surveille en permanence la forêt. (Je déconne. Tant que t'es prudente...)

Fred

Le 7 septembre 2023

J’imagine que là, y’aura plus de prochainement…?

T'avais plein de choses à envier, pour quelqu'un comme moi qui voulait être le seul à tout posséder. Et qui ne supporte pas les personnes meilleures que lui, surtout. Et t'es assurément meilleure que moi, Alfhild. Pas sur le plan des compétences, mais sur le plan individuel. Toi, en tant que personne, tu vaux quelques choses. Et j’ai toujours tout fait pour que tu ne le remarques pas.

La lune éclaire aussi le chemin de ceux qui sont perdus dans la nuit. Elle vient avec la fraîcheur, qui atténue la chaleur trop vive. Le soleil ne se soucie pas de ceux qui souffrent sous ses rayons ; il provoque sécheresse et désolation, sans s'arrêter de brûler. Je n’ai jamais eu ni le courage ni la volonté d’être bon. Céder à tous mes caprices, toutes mes envies, c’était plus facile et rapide. Plus exaltant. Faire souffrir les autres me vient naturellement. Tu n’as pas cet instinct. Je t’ai toujours cru capable de secourir ceux que j’atteignais. Il vaut probablement mieux être une lune.

Je vois bien à quel point j’ai réussi mon plan de sabottage… Je te tiendrai au courant Alfhild, mais pas trop. Seulement des choses que tu dois savoir, que tu risques effectivement d'apprendre au détour d'une conversation. Pas du reste.

Je ne regrette pas. Mon seul regret, c'est qu'on ait pas eu plus de temps. Mais vu à quel point j'étais trop tendre...Je me serais probablement fait éviscérer au coin d'une ruelle, si le temps avait continué sa course sans que ma mémoire ne revienne. Dans le dernier mois, je ne levais même plus ma baguette pour me défendre. Je n’en voyais plus l’intérêt.

Ozymandias m'a surtout prouvé à quel point il manie bien sa batte. C'était en avril, je cherchais un moyen pour me rapprocher de lui, pour sympathiser. Je suis allé le voir au musée et j’ai mis le doigt sur le mauvais sujet. J’avais essayé ce que tu m’as conseillé…lui dire pour ma mémoire. J’ai eu droit à son souvenir. Dans mon crâne. Sous son point de vue. Ces images, cette vision de moi-même à l’œuvre…Ça devrait être exaltant, maintenant. Ce ne l’est pas. Repenser à cette scène, à travers d’autres yeux que les miens, c’est à chaque fois un électrochoc.

Je ne me vengerai pas de lui. Il n’y a rien à venger. Mais je ne le laisserais pas me frapper de nouveau.

Quelqu’un d’autre connaît l’existence du journal. J’imagine qu’il pourrait corroborer ton témoignage…Que je préfère que tu ne fasses pas, idéalement. Je n’envisage plus de me dénoncer. J’ai brûlé le journal et j’ai consolidé les défenses que j’ai négligé dans la dernière année. Mais on m’a arrêté une fois, on peut très bien le faire une seconde. Suffit d’engager la bonne personne.

PS : Tu as un humour parfait. Je vais me coucher, bonne nuit.
PS2: T'as bien fait de raturer. Je suis assurément la pire personne avec qui bavarder de ta vie sentimentale polaire. De mon côté, j'ai enfin ré-animé la mienne.

Ton frère.

Alfhild,

Je viens de trouver ton cadeau et c'est absolument parfait, je l'adore! Merci beaucoup. Ça me sera très utile dans mes prochaines expéditions, vu les températures actuelles. Et le thé est délicieux.

PS: Miro a effectivement trouvé les gâteaux, ça a l'air de beaucoup lui plaire aussi.
PS 2: Tu les as encore, ces grains de cafés ensorcelés ? J'en aurais besoin pour les mettre dans la machine à café de Strandgaard.