17 novembre 1951 naissance au manoir familial, principale lignée, première née de la future fratrie qui comptera quatre enfants.
octobre 1956 manifestation simultanée des premiers signes de magie et de son don de métamorphomage.
premières années enfance sauvage et esseulée mais malgré tout favorisée et préservée, au cœur des terres Falkenberg, bercée par la nature et les grands espaces. Parents absents et indifférents.
septembre 1962 entrée à durmstrang, chez les trobbel, allégance à loki dans la pure tradition Falkenberg.
1962 – 1970 cursus secondaire, scolarité exemplaire, membre majeur du club des échecs.
décembre 1966 première rencontre arrangée avec Gunnar Mørk.
septembre 1970 première année d’études supérieures à l’Institut de la Nature, année non validée car non achevée.
7 mai 1971 mariage avec l’héritier Gunnar Mørk.
entre 1972 et 1988 naissances de leurs cinq filles, vie rythmée par leurs arrivées, existence dédiée au foyer.
à partir de 1988 début des tensions, éloignement de Gunnar (infidélités), premières manifestations de son obsession pour la jeunesse et la beauté (épisodes de métamorphose dans son propre corps rajeuni), dérive et naufrage progressif de toni.
durant l’année 1995 découverte de la relation parallèle de Gunnar (qui durera jusqu’au début des années 2010).
entre 1995 et 2005 années noires, dépression sévère (officiellement non diagnostiquée), nombreux séjours en maisons de repos, tentative de suicide au mois de décembre 1999, déclenchement de son alcoolisme, accentuation de ses épisodes de jeunesse illusoire, noyade au cœur des faux semblants mais plus l’énergie pour le masque social, cachée au Monde par l’époux.  
printemps 2005 doucement toni relève la tête, guérison par l’apprentissage autodidacte de la botanique, création de sa serre personnelle, expérimentations et réalisation de soi, quelques rechutes mais la première marche est gravie.
septembre 2014 obtention d’un poste de professeure de botanique à Durmstrang grâce à son nom, la réputation qu’elle a su se tailler dans certaines sphères, et surtout grâce à l’influence tentaculaire de son époux et de ses amis bien placés.
été 2016 nommée gardienne de la serre de durmstrang suite au décès du précédent professeur.
depuis… émancipation progressive, briseuse des chaînes patriarcales, détachée des injonctions de rangs et de sang, bataille perpétuelle avec ses démons, ses obsessions et son addiction à l’alcool, furie des fêtes de famille, retrouvailles avec son caractère sulfureux et brutal, se rêve matriarche. Becoming Tatie.


UN. Elle était l’enfant sauvage, la fille du vent. Elle courait dans les bourrasques et dansait dans les rayons. Elle avait la magie instinctive aux élans violents. La première née de la primo lignée. On lui avait prédit de grands projets ; pouvoir, conquêtes et lauriers. Mais elle aura eu le mauvais goût de choisir le deuxième sexe, dommage pour elle, ce fut le mauvais. Elle aura été l’enfant solitaire et délaissée, aux parents indifférents, ni aimants, ni méchants… Avant d’être rattrapée, contrainte à une existence polissée, image sage et jupes plissées. Elle sera tout de même parvenue à se libérer du superflu pour ne garder que l’essentiel. Toni.

DEUX. Elle était la jeunesse enviée, la beauté ingénue. Elève modèle à l’esprit malin. Elle était tout ce qu’on pouvait rêver d’une jeune fille. Elle avait le talent au bout des doigts, la magie dans le sang, le don rare en héritage. Elle avait tout et pourtant elle n’aura rien. Arrachée au savoir, enfermée dans un manoir. Ça sera lui et rien d’autre. Visage carnassier aux traits alambiqués. Un regard si glacial qu’il finit par vous bruler, une voix claire teintée de sombres reflets. Elle sera sa femme, sans parvenir à s’en libérer. Mørk.

TROIS. Elle était la mer mouvementée, tempétueuse et orageuse. Protagoniste d’un dessein qui lui glisse entre les doigts, actrice d’un destin mis entre d’autres mains. Elle subissait sa vie, écrasée par des choix qui n’était pas les siens. Allongée dans son lit, l’esprit égaré et le regard hagard. Elle était fixe, yeux rivés sur le plafond, cœur lourd, plein de palpitations. Quelque chose de pesant, un poids qui lui bloque la respiration… Les yeux glissent jusqu’à l’étrangeté. Un poupon rose, là, contre sa peau posé. Tant de petites têtes blondes qu’elle en avait perdu le compte. Regard embué, idées floues. Aurait-elle pu mieux les aimer. Elle s’en voulait. Et si elles n’étaient pas là, viendraient-elles à lui manquer... Mère.

QUATRE Elle était l’effondrement, la côte qui sombre, submergée, la montagne qui s’écroule, brisée. Elle était la honte, la tare, ce qu’on ne peut même pas nommer. Elle n’avait qu’un rôle un seul, arraché, au profit d’une autre, la bienaimée. Elle tenait un verre dans une main. Déjà rempli. Un second dans l’autre, prêt à l’être. Le deuxième brandit en récompense pour n’en avoir bu qu’un seul, le premier. Evidemment elle était seule, comme tous les soirs, tous les jours, toutes les nuits. Toute sa vie. Point d’invités, plus personne n’osait venir, dissuadés. Seule avec ses verres et sa détestation. Bientôt de toute façon plus rien, à part l’abrutissement des effluves, la libération du torrent. Addicte.

CINQ. Elle était l’ombre d’une image ancienne, pâle reflet d’une réalité nouvelle. Elle était la dame usée, la sorcière, la courbée édentée. Balayée la beauté d’antan, oublié le charme de ses vingt ans. Comment faire lorsque l’apparence est votre seule identité. Elle se fixa un instant dans le miroir, retraçant du bout de ses doigts le chemin des années. Indélébiles. Trop, encore trop, toujours trop. Battement de paupière pour un flash-back dans le temps. Sourire malicieux. Elle était de nouveau la jeune femme dans la foule, la jolie fille dans la ville. Rien que pour un temps. Vieille.