Elle a quatre ans, quand elle se souvient de lui pour la première fois. Un homme qui lui parait géant, au sourire immense et aux bras qui la font voler, lui arrachant des gloussements. Elle ne sait pas comment le qualifier, mais il lui rappelle la relation qu’elle a avec son père, son père qui n’est jamais là quand elle et sa mère vont voir cet autre homme à New York. Elle commence à les aimer tous les deux tout autant, toujours heureuse de ses escapades avec sa mère pour le retrouver. Au fil des années, elle a l’impression qu’il lui ressemble, également, autant que le reste de sa famille. Elle pose des questions à sa mère mais n’obtient jamais de réponse, apprend juste un prénom, qu’elle doit garder secret. Eugene.

Elle a huit ans quand elle comprend qu’il n’est pas comme sa mère, qu’il n’a pas de baguette qui peut faire des étincelles, que ce n’est pas la magie qui l’habite mais qu’il a d’autres instruments, bien différents de ceux qu’elle connaît. Il lui présente sa guitare, lui apprend à positionner ses doigts sur le manche et à faire chanter les cordes, difficilement au départ. Une autre fois, il l’invite à essayer le piano qu’il a chez lui, plus abordable pour son âge et il lui apprend quelques airs, avec patience. Elle ne cesse jamais de jouer, garde la guitare qu’il lui offre ensuite, demande un piano à sa mère quand elle est plus vieille, apprend à chanter, comme iels le faisaient ensemble.

Elle a dix ans quand elle le voit mourir, devant ses yeux sans qu’il ne soit là, en plein après-midi avec sa famille. La rue dans laquelle elle se trouve s’éteint brusquement, le soleil soudainement remplacé par la lune, les gens devant elle évaporés, remplacés par un cauchemar. Un sort touche Eugene en pleine poitrine, sans qu’elle ne comprenne ce qu’il fait là, dans sa ville natale. Il retombe violemment. Son sang coule. Sa respiration ralentit. Quand le soleil revient brusquement, les sanglots la secoue et elle explique tant bien que mal ce qu’elle a vu à ses parents. Elle ne comprend pas bien la suite des évènements, ses cauchemars qui se multiplient dans les jours qui suivent, les disputes entre ses parents qui éclatent de plus en plus souvent et les sanglots de sa mère qui redoublent à leur tour, quand elle pense que personne ne l’entend. Elle finit par comprendre qu’elle ne verra plus Eugene, qu’il est parti à tout jamais. On lui explique aussi ce qui a provoqué ce qu’elle a vu, ce qui fait qu’elle a su, avant que ça ne se produise. Elle apprend qu'elle est devin. Elle se sent submergée, dit qu’elle n’en veut pas. Elle n’a pas le choix.

Elle a onze ans quand sa mère, ses adelphes et elle prennent un portoloin pour la Scandinavie, là où sa mère est née, laissant son père derrière elleux. Elle doit lui dire au revoir et il leur promet de les revoir bientôt. Elle sent son regard emprunt de tristesse quand il la regarde, son étreinte plus raide qu’à son habitude, rapide. Elle apprend le mot divorce alors que sa mère les installe dans un appartement de Göteborg, étroit, des cernes marquant ses traits perpétuellement ces jours-ci. Au bout de quelques mois, leur mère leur demande si iels seraient d’accord de déménager à nouveau, pour un endroit plus spacieux, en pleine nature. Elle leur demande si iels seraient d’accord pour vivre avec une de ses amies d'enfance et ses enfants, qu’iels ont déjà rencontré à plusieurs reprises. Elle leur explique qu’elle a besoin d’aide et que son amie aussi, que ça sera plus simple comme ça. Heraclia ne comprend pas très bien l’enjeu, accepte sans difficulté, veut simplement que sa mère retrouve le sourire. Iels refont leurs cartons, agrandissent leur famille et leur maison, et les jours se font plus mouvementés mais surtout plus aisés, plus doux.

Elle a presque douze ans quand elle fait sa rentrée à Durmstrang. Aucune magie ne s’est manifestée chez elle, pourtant son unique vision a aidé à confirmer qu’elle est sorcière. Elle choisit Styrke parce qu’iels ont l’air puissant.es et qu’elle veut l’être aussi, mais la baguette qui l’a choisie lui fait défaut presqu’immédiatement. Les sorts refusent de sortir tout simplement ou ont des résultats désastreux, se retournant contre elle, ayant des effets contraires ou totalement aléatoires. On l’appelle souvent dans le bureau de la directrice et elle finit par penser qu’on va la renvoyer, qu’elle n’est pas assez douée. Pendant ses vacances, elle essaye toutes sortes de baguettes, sa mère l'emmenant d’abord dans les divers commerces de Göteborg, avant de solliciter des artisans indépendants. Ce n’est qu’une fois qu’on lui met une baguette atypique dans les mains, taillée dans les bois d’un cerf majestueux et gravée de runes nordiques concentrant son essence magique qu’elle sent qu’elle a trouvé la bonne. Les cours deviennent plus faciles à suivre, les sorts finissent pas l’écouter, après de nombreuses reprises. Elle rencontre également lea professeur.e de divination de l’institut, bien qu’elle ne suive pas encore ses cours. Iel l’épaule, lui donne des exercices, la guide. Et son don devient peu à peu moins terrifiant, plus contrôlé.

Elle a treize ans quand elle apprend l’histoire des Graves, famille vieille de plusieurs siècles, descendants des sorcier.es persécuté.es à Salem. Elle apprend qu’iels ont dû fuir, avec quelques autres sorcier.es, seul.es rescapé.es ayant réussi à garder leurs pouvoirs secrets et qu’iels ont établi une communauté sur une île sauvage, là où elle a grandi pendant des années. Protégée de sorts la rendant invisible aux moldus, la communauté qui s’y construit est entièrement sorcière et aucun moldu n’est jamais accepté dans leurs familles, par question de survie. Elle apprend que c’est un sujet qui tient à cœur à l’entièreté de sa famille, particulièrement à son père. Elle en ressort avec plus de questions qu'auparavant, comprenant encore moins ce qui est arrivé avant qu'iels en partent.

Elle a quatorze ans quand elle ressent un pressentiment terrible, première fois depuis la mort d’Eugene qu’un sentiment de terreur est aussi puissant quand il s’agit de son don. Elle est avec son frère dans une ville moldue, de passage, l’implore de faire demi-tour ou de transplaner, sent les deux paires d’yeux sur elleux. Iels n’ont pas le temps de s’attraper suffisamment longtemps pour partir, deux moldus les accostant, s’interposant entre elleux, leur posant toutes sortes de questions. Iels comprennent rapidement qu'iels n'ont pas été assez discrets, qu'iels les ont vu arriver en transplanant et l'aîné faire de la magie. Il ne faut pas longtemps pour que les insultes fusent face à leur silence et que les premiers coups soient portés. Un sort est lancé, son frère mis à terre immédiatement, et elle, tétanisée, se reprenant tout juste pour agir. Impuissante, elle regarde chacun de ses sorts rater, alors qu'elle n’est pas censée avoir sa baguette sur elle ni faire de la magie. Elle ne peut que les supplier, alors que les coups continuent de pleuvoir, que son frère continue d’être assailli. Il finit par réussir à les repousser à l’aide d’un nouveau sort, attrape sa sœur, transplane. L’esprit pas assez clair, il se désartibule. Elle s’en veut toute sa vie.

Elle a quinze ans quand elle décide de prendre ses études au sérieux, quand elle refuse de se laisser submerger par un sentiment d’impuissance et de faiblesse plus longtemps. Elle se plonge dans ses livres de cours, entreprend de découvrir tous les secrets sur la magie pour mieux la maîtriser. Elle gagne en confiance, se sent plus à l’aise, plus assurée. Elle finit par répondre aux quelques élèves qui se moquent de ses difficultés, se promet d’être pire, trouve quelques alliés. Elle commence à rabaisser les autres, elle aussi, se sent mieux, puissante. Sa pratique s’améliore et bientôt les remarques se taisent, ne l’empêchant pas de continuer à être désobligeante avec celleux qui ne retiennent pas son attention, charmeuse avec celleux qui l’intéressent. Et si elle n’est pas la meilleure, elle réussit suffisamment pour avoir l’impression de regagner un peu de contrôle, pour se trouver plus méritante.

Elle a dix-huit ans quand elle pose finalement la question à sa mère. Elle lui demande pour la première fois depuis des années qui était Eugene alors qu'elle se doute très bien de la réponse. Elle a compris assez vite, après son introduction plus immersive dans le monde magique, qu’il était moldu. Elle se questionne encore sur sa présence dans sa vie, à elle seule ainsi que sa mère, sans qu’aucun lien apparent ne les lie. Sa mère hésite un moment en silence, avant de finalement admettre la vérité. Qu’Eugene est un moldu qu’elle a rencontré parce qu’il était impliqué avec le monde magique, de par son métier dans la politique. Qu’elle a entamé une relation avec lui, malheureuse dans son mariage. Qu’elle est tombée enceinte par accident. Qu’elle n’a pas contredit son mari quand il a supposé que c’était le sien, bien que les dates ne collent pas tout à fait. Que même si sa relation avec Eugene n’a pas duré plus loin que cela, elle a gardé contact avec lui, a voulu qu’Heraclia connaisse son père, même sans savoir de qui il s’agissait. Que lorsqu’il est mort, sur leur île entièrement sorcière, il s’y était rendu de lui-même par un moyen qui lui échappe, malgré ses protestations. Qu'il venait les voir une dernière fois, avant de partir quelques mois à cause de son travail. Que des sorciers ont fini par comprendre qu’il n’était pas à sa place, que le ton est rapidement monté, que des sorts trop paniqués ont fusé. Qu’il n’a pas pu se protéger, dépourvu de magie. Elle ajoute que son malheur au sein de son mariage n’était pas dû à son mari ni à des sentiments romantiques pour Eugene, qu’elle a compris depuis que le problème est qu’elle était mariée à un homme, plutôt qu’une femme. Qu’elle n’avait pas su à l’époque interpréter son mal-être, que son amitié aisée avec Eugene lui avait fait croire à une solution. Heraclia encaisse les révélations, ses sentiments conflictuels entre sa peine et sa compassion pour sa mère, le deuil de Eugene, qui lui manque toujours affreusement et le ressentiment qu’elle éprouve par rapport à la situation. Elle accepte, à ce moment là, que sa magie est faible parce qu’un de ses parents n’est pas sorcier.

Elle a vingt ans quand l’opportunité se présente, quand elle se fait approcher et qu'on lui présente cette organisation secrète. On lui expose leurs idées, elle se retrouve dans leurs valeurs, bien qu'acceptant avec difficulté que les attaques d'un de leurs membres envers des nés-moldus n'est pas un reflet de leurs idéaux. Après un temps de réflexion, elle accepte de les rejoindre, d’utiliser son don dans leur intérêt. La colère a pestiférée, au fil des années, dans son cœur, dans son esprit, la rendant amère, rancunière envers celleux voulant mêler les mondes magique et moldu. Colère également alimentée par la réaction des moldus comme des sorciers face à ce qui leur est inconnu. Elle est persuadée qu’iels ne peuvent pas cohabiter, que l’incompréhension de l’autre ne fera toujours que mener à un drame. Elle prend position, radicale, dans le dos de sa famille, se promet de garder leurs deux mondes séparés et de ne jamais faire la même erreur que sa mère.

à propos de ta fiche finally here to slay
Très hâte de la voir évoluer en rp (et Øyvind a intérêt à bien s'occuper d'elle )

bienvenue dans le groupe Styrke Ton personnage fait officiellement partie des sujets du Royaume de Scandinavie sorcière, étudiant.e, professeur.e ou résident.e de Göteborg, il ne lui reste plus qu'à honorer sa nouvelle couleur et son alignement. Tu trouveras ci-dessous des liens qui te seront utiles au cours de la suite de ton aventure sur Doomsday. Bon jeu !