1972 summer was long and it’s suffocating when you’re alone
Halvor Hammarskjöld était trop loin de la branche principale pour être quelqu’un d’important, mais pas assez pour avoir la liberté de diluer le sang de ses héritiers avec celui des moldus, il était libre de trouver quelqu’un, du moment qu’elle réponde aux conditions. Une affaire qui lui allait très bien, heureux de pouvoir découvrir le monde en chemin.
Ana Vargas était une adolescente sauvage et une adulte encore pire; passionnée et ivre sur la vie, amante des coeurs tendres. On lui a offert la liberté de choisir son mari, sous condition qu’elle le fasse réellement, un et seulement qu’un, espérant que cela suffirait à lui insuffler l’amour des traditions.

Ils se sont rencontrés grâce à des connaissances mutuelles. L’amie d’un cousin connaissait la sœur de son beau-frère qui avait une amie chez les Vargas, les deux étaient sur le marché… ce genre de truc.

Si les deux se sont choisis, cela s’est très vite prouvé être un mauvais choix.
Elle était amoureuse de plusieurs, pleurant sa liberté, ressentant vite les chaînes invisibles attachées à son alliance: trop loyale pour agir contre ses vœux, mais étouffée par les traditions matrimoniales monogames, la rendant venimeuse. Il était insatisfait du caractère de son épouse, espérant que ses regards renfrognés suffirait à la modeler en la femme idéalisée pour qui il fantasmait, dans ses rêves. Ainsi commença la plus longue partie de tir à la corde jamais vue, chacun essayant de gagner du terrain au dépit de l’autre.

Cela ne pris que quelques années, un enfant et un autre en chemin, pour que leur mariage devienne un champ de mines. Traitaiant leur amour comme la guerre, coups bas, menaces et cachoteries mesquines, avec un occasionnel traité de paix, instable. Malgré tout ça, ils n’étaient jamais séparés, toujours main dans la main en public. Incapables de se laisser, le divorce n’aurait jamais été sur leurs lèvres, déni ou orgueil, comme si eux-mêmes n’arrivaient pas à réaliser leur malheur, ou appréciant tout simplement la misère.

1980 a dark world aches for a splash of the sun
Andres est né de leur combat, avec une sœur de 7 ans son aînée. Il a grandi une partie de sa vie en Colombie, entouré de sa famille maternelle. Argument récurrent entre ses parents, son père espérant soulager son mal du pays et ramener les enfants de Thor sur ses terres; sa mère essayant de retenir les rênes le plus longtemps possible, elle aussi attachée à son chez soi. Apaisant le feu avec un compromis, ils passèrent un marché comme quoi ils iraient en Norvège lorsque leur aînée serait en âge d’être scolarisée à Durmstrang, arrachant Andres à la chaleur lorsqu’il avait 4 ans, n'y retournant que de temps à autres pour les vacances.

1991 - 1997 ones we've inherited, ones that we learned
Scolarité de premier cycle à Durmstrang, scolarité qu’il a longtemps attendu, désireux d’y rejoindre sa sœur. Excitation mutée, cependant, par les récentes additions à leur famille. Grand frère depuis peu, le rôle lui ayant comme un gant. Patient mentor, sagesse précoce, apprenant vite à pallier à l'atmosphère tendue dans leur maison; réticent à la quitter.
Les parents croyaient être subtiles, décents, mais ce genre de choses ne passent pas inaperçu dans les yeux d’enfants. Mère agressivement vicieuse lorsqu’elle buvait, père généreux sur peu sauf les reproches: jamais contre leurs enfants, mais derrière les portes fermées, Andres savait que si une bouteille de gin passait le pas de la porte, leurs parents se donneraient le traitement de silence pendant des semaines à venir, empirant une cause déjà perdue. L’idée que leurs enfants ne savaient pas était probablement leur seule bouée de sauvetage, aussi fausse ait-elle été. Les Vargas-Hammarsköld n’avaient peut-être pas grand chose en commun, mais ils partageaient un cœur pour leurs enfants.

Disputes, alcool, et Andres qui a fait son possible pour distraire la marmaille, rentrant quand il en avait l’occasion, couvrant les coins bruts du mariage de ses parents avec ses mains en espérant que ça suffirait pour éviter que sa fratrie ne s’y blesse, sa grande sœur ayant vite appris que Durmstrang était son salut, préférant plutôt rester à l’abri. Finalement, en vieillissant, frères et soeurs se sont tous tranquillement éloignés les uns des autres, comme pour tester si la famille tiendrait debout sans qu’ils y soient pour s’y appuyer, Andres y compris. Laissant leurs parents à leur sort, excepté aux fêtes.

Il avait toujours trouvé ça étrange que, malgré toutes ces épreuves, il n’avait jamais cessé d’aimer ses parents. Il avait eu ses colères, certes, l’amour qu’il avait pour sa famille était intacte. Il a joint l’Armée de l’Air comme son père avant lui, et même si l’idée venait de lui, Andres savait qu’il le faisait pour rendre son géniteur fier comme un paon.

Quant à si ils se sont réellement aimés, Andres n’en est pas certain, une des grandes énigmes de sa vie, mais aussi une certitude: il ne voudrait jamais que son coeur - ainsi que sa famille - soient sujets à cette confusion. Pour lui, l’amour devait être simple, pur.

Prêt à attendre des années si il le fallait, l’ironie du destin voulait qu’il tombe fou amoureux avec à peine un diplôme en main.

1998 (18) blessed be the mystery of love
Happé par la foudre, il est à genoux pour une Mørk. Une amie fidèle qui, à sa grande surprise, réciproque ses sentiments. Épris à un point qu’il lui donnerait sa vie en offrande, déesse scandinave. Tellement heureux, son sourire ne quitte plus son visage, même des semaines après leurs noces, les yeux brillants. Ils partagent le ciel, lorsqu’il l’observe, il ne voit que sa chevelure dans le vent, ne réalisant pas qu’elle est toujours devant.

1999 - 2002 take me up to the rooftop; whatever you do, don’t look down
Andres n’avait jamais été aussi béat devant la vie, comme si il était incapable de retirer les lunettes roses de sur son nez. Agrandir la famille en complétant ses morses n’était peut-être pas une tâche facile, mais accueillir une petite fille dans sa vie était un de ses plus grands rêves, montrant une dévotion aveugle depuis le début. Père doux, père aimant, père satisfait et reconnaissant.

2003 (23) you're a woman on the run, i'm the silence on the staircase
Andres avait toujours montré une promesse pour l’Armée de l’Air, un potentiel intéressant. C’est l’intérêt qui manquait à l’appel, préférant les tâches plus utiles que violentes, étant plutôt du genre à tendre la main qu’à l’utiliser à revers. Malgré tout, il est monté de grade en grade, loyal serviteur qu’il avait toujours été. Si il remarque que Vigga s’éloigne doucement, il attribue sa distance à une servitude militaire, une attitude de carriériste, heureux de la laisser voler plus haut que lui, espérant que l’ambition et l’air pur la ferait revenir quand elle serait prête; satisfait de bercer une Thora endormie entre-temps.  

2006 (26)  i think i'm prone to getting blinded when it's bright
Si il était heureux de laisser sa femme monter les échelons avec une avidité féroce, il était évident que deux ne pouvaient pas jouer à ce jeu-là avec un bambin à leurs pieds. Après 2 ans de service en tant que sergent, Andres a quitté l’Armée pour s’occuper de Thora à temps plein, une décision qu’il a prise sans difficulté, mais qui lui a valu les reproches de plusieurs. Son propre père, même s'il était toujours bien content de gâter sa petite fille, n’eut pas de mal à jeter la première pierre. Andres n’a jamais ressenti le moindre regret, accueillant cette vie d’homme au foyer comme un cadeau. Seule la distance de Vigga, si grande qu’elle en devenait étouffante, venait troubler la quiétude de la maison. Mais Andres, inconsciemment, fermait les yeux, trop choyé par la vie pour se permettre de voir l’évidence, simplement heureux de profiter de sa présence lorsqu’elle était là.

2009 (29) i'd be alright, if I could just see you (come up for air, come up for air)
Andres n’a jamais vraiment su, Vigga ne l’a jamais réellement montré. Lui aveuglément confiant, elle translucide. Mais un homme marié qui aime, qui aime réellement, ne peut pas ignorer les signes aussi longtemps. Était-il de plus en plus alerte, ou elle, de moins en moins prudente? Un peu avant la fin, il a remarqué la consommation. Les mains moites, les pupilles dilatées. Inquiet, certes, il avait confiance, et donc n’a jamais rien dit sur les traces de poudre blanche qu’elle laissait derrière elle, espérant simplement qu’il s’agissait d’une consommation récréative. Il ne la confronta jamais sur le sujet, préférant lui laisser l’espace pour qu’elle le fasse d’elle-même, songeant que ça ne devait pas être grave si elle ne le mentionnait pas. Naïvement optimiste.

2010 (30) black sea, i failed to be a light you found in love
Tout allait si bien. Stable dans sa vie, solidifié par ses convictions, validé par ses certitudes, reconnaissant de son bonheur, Andres a relaxé. Il a baissé sa garde, il n’était pas préparé, si bien que l’annonce de Vigga et sa demande de divorce l’ont happé de plein fouet à l’arrière du crâne. La vie l’a plaqué au plancher, le souffle coupé.
Il n’avait que quelques certitudes dans la vie, optimiste pour le reste. Mais voilà que son seul guide, son étoile polaire, lui avouait le contraire. Une décennie dans la brume. Quoi d’autre avait-il manqué?
Le coeur déchiré, broyé par la peine, Andres a dû prendre un moment pour digérer la situation. Cependant, aucune trahison n’aurait pu être assez grande pour envenimer l’amour qu’il avait pour elle. Il a donc continué de lui tendre la main, même en sachant qu’il ne pourrait le faire qu’en tant qu’ami.
Prêt à l’aider à traverser le reste, inconscient de l’ampleur de la tempête.

2012 (32) there we will be, like an old enemy, like the salt and the sea
Loyal ami, il s’est tenu fort aux côtés de sa compagne, ravalant son amour, mais préservant sa tendresse, espérant que cela suffirait à la supporter à travers son addiction; une addiction qui fut sa deuxième plus grande surprise. Un autre échec, un autre aspect de leur relation qu’Andres avait complètement manqué, regrettant amèrement de n’avoir jamais rien dit, se maudissant pour son silence. Peut-être, eut-il parlé lorsqu’il avait remarqué quelque chose la première fois, aurait-il pu éviter à la femme qu’il aimait l’humiliation de douloureux sevrages infructueux. Mais en attendant, il serait là, pour nettoyer derrière et la soutenir lorsqu’elle n’était pas assez en contrôle pour marcher seule jusqu’à son lit.
Mais Andres savait aussi que, même si lui avait la force de tolérer les sauts d’humeurs et la présence des aiguilles, c’était injuste de l’infliger à Thora. Il s’est démené le plus longtemps qu’il le pouvait pour maintenir un semblant de relation entre les deux, refusant de séparer mère et fille, s’acharnant encore une fois à porter la lourdeur d’une famille sur son dos. Il a finalement lâché prise, séparant à contrecoeur Vigga de leur fille, pour le bien de Thora. L’éloignant du danger.

2013 (33) slipping through my fingers all the time
Avec Thora à Durmstrang et une maison soudainement vide, Andres tourne en rond comme un lion en cage. Il commence à se porter volontaire à l’hôpital, mettant son passé dans l’Armée à bon usage. En plus de ses connaissances déjà acquises, il apprend sur place, enchaînant différentes formations accélérées. Un an et des poussières plus tard, on lui offre un réel poste, qu’il accepte avec plaisir, heureux de s’occuper le cœur, les mains et l’esprit.

2014 - 2019 ruego a dios tenerte a mi lado y entonces poderte abrazar
Sa nouvelle vie d’infirmier vient avec un lot de nouveautés, mais aussi de nouvelles sources d’anxiété. Une peur secrète de voir Vigga passer les portes de son hôpital, dans un état qu’il n’ose pas s’imaginer. Cette pensée le garde éveillé la nuit, mais considérant leur passé, il essaye - sans toutefois toujours y parvenir - d'accourir que lorsqu’elle ne l’appelle. Thora à Durmstrang, le silence sur ses lèvres, mais l’ambition dans les yeux. Il puise sa force en aidant, trouvant refuge de ses problèmes dans ceux des autres. Andres est optimiste, mais les dernières années lui ont prouvé que mêmes ses plus solides croyances peuvent parfois s’avérer erronées, le rendant incertain. Prudent.

2016 (36) don't go, you're half of me now
L’appel de la première maison. Décès du paternel Hammarskjöld, rapatriant tous les juniors partis faire leurs vies partout ailleurs. Aux funérailles, sa mère a versé des larmes, mais Andres n’a jamais pu déceler à quoi elles étaient dédiées; son époux ou les années perdues. Elle qui en faisait un but personnel de s’opposer à l’utilisation du nom norvégien lorsqu’on s’adressait à elle (toujours une Vargas, seulement une Vargas) après la mort de Halvor, elle refusa catégoriquement qu’on l’appelle autrement que par le nom de son défunt mari. Ana Hammarskjöld, même lorsqu’elle retourna vivre ses vieux jours en Colombie. Ses frères et ses soeurs n’y ont jamais vraiment cru eux non plus, bouche-bés devant une dévotion qu’ils croyaient inexistante. Andres commençait déjà à comprendre qu’au fond, il ne pouvait être certain de rien, jusqu’à la fin.

2020 (40) But isn't that what friends are for, even if we used to be more?
Vigga remonte la pente, et Andres est tout près pour l'encourager, croyant fermement, pour la millième fois, que cette fois c’est la bonne. Avec le temps, malgré tous les efforts du père, la relation entre fille et mère s’est détériorée. Il ne peut pas les forcer, mais il a du mal à supporter la douleur de Vigga, et les remarques perfides de Thora. Andres aime pour trois, espère que ce soit assez.

2021 (41) La quería ya tanto que al partir de mi lado, ya sabia que la iba a perder
Thora devient Mørk. Les deux femmes de sa vie qui renient son nom, c’est une blessure de plus, mais une blessure qu’il sait nécessaire, alors il ne fait qu’apporter un support de loin à sa fille qui demande l’indépendance, le cœur gros mais le sourire aux lèvres de la voir grandir. Secrètement, le coeur battant de la voir approcher des flammes; il reconnaît chez les Mørk une famille dans laquelle il a grandi, il espérerait tant la garder loin. Il aimerait tant être suffisant. Conciliant, il la laisse aller. Au fond, il veut juste qu’elle soit heureuse. Le bonheur des autres est le bonheur de Andres.
L’arrivée des fylgur est une douche froide pour Andres. Si il est entouré, il réalise qu’il est plutôt seul. Pax est la présence la plus soutenue qu’il ait eue depuis longtemps. Elle le sait, il le sait. Il l’aime bien. Il aime plus ou moins ce qu’elle représente.

2022 (42) whatever you want me to do, i will do